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Un nouveau membre pour le Collectif Santé Mondiale, bienvenue à Santé Sud !

Créée en 1984 par des professionnel·les de santé, Santé Sud est une organisation de solidarité internationale engagée pour le droit à la santé pour toutes et tous qui agit pour le renforcement pérenne des systèmes de santé et le pouvoir d’agir des populations, via, notamment, le renforcement des capacités en soins primaires en zones rurales. ​Elle intervient, grâce à son réseau d’expert et en partenariat avec les acteur·rice·s des systèmes de santé, au Maghreb, en Afrique de l’Ouest et dans l’Océan Indien.

Alors que près de la moitié de la population mondiale n’a toujours pas accès aux services de santé essentiels, renforcer les ressources humaines est primordial pour étendre la couverture de soins primaires, notamment dans les zones rurales isolées. Il s’agit d’une des priorités de la nouvelle stratégie française en santé mondiale 2023-2027 adoptée il y a près d’un an. L’inauguration de l’Académie de l’OMS prévue à Lyon à la fin de l’année doit également permettre la formation de professionnels de santé du monde entier. Le Collectif Santé Mondiale restera mobilisé pour s’assurer du renforcement du soutien aux agent·e·s de santé, du public ou communautaires et de l’accès aux outils et produits essentiels à leur travail. La situation liée au virus Mpox est un nouvel exemple du besoin d’accélérer les efforts sur ces questions.

Avec l’arrivée d’un nouveau membre, le Collectif Santé Mondiale compte désormais 12 organisations non gouvernementales françaises spécialisées sur les enjeux de santé mondiale. Aux côtés de Santé Sud, nos organisations poursuivent leur mobilisation pour défendre, promouvoir et renforcer le financement de la France en matière de santé mondiale, tendre vers la réalisation de la couverture sanitaire universelle et l’atteinte de l’objectif de développement durable 3 d’ici à 2030.

Lancement de la stratégie française en santé mondiale : Intervention d’Action Santé Mondiale

La stratégie française en santé mondiale pour 2023-2027 a été lancée le jeudi 12 octobre au Centre international de Recherche sur le Cancer (CIRC) en présence des ministres Mme Catherine Colonna, Mme Sylvie Retailleau et M. Aurélien Rousseau et du Dr Elisabete Weiderpass, directrice du CIRC, du Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l’OMS, de Mme Anne-Claire Amprou, ambassadrice pour la santé mondiale et de M. Philippe Duneton, directeur exécutif d’Unitaid.
Ci-dessous, l’intervention de Mme Elise Rodriguez, directrice du plaidoyer d’Action Santé Mondiale, au nom du Collectif Santé Mondiale :

Merci de nous permettre de nous exprimer aujourd’hui. Cette invitation reflète la reconnaissance du rôle de la société civile. Nous sommes des associations et nous travaillons en réseaux avec des structures d’une grande diversité, ici en France au sein du Collectif Santé Mondiale dont les membres ont des approches complémentaires, à l’international, avec des partenaires dans de très nombreux pays réunissant des réseaux de société civile, de communautés affectées qui travaillent sur l’accès aux soins, la vaccination, la prévention et le traitement des maladies infectieuses, l’accès aux services de santé sexuelle et reproductifs, entre autres. Nous sommes des acteurs essentiels parce que nous participons tous les jours à l’amélioration des conditions de vie, et aussi parce que nous sommes en lutte pour le respect des droits, que nous demandons des comptes aux décideurs et nous nous investissons pleinement dans les espaces de concertation lorsqu’on nous en donne l’accès. Ce fut le cas avec le processus d’élaboration de cette stratégie, et les membres du Collectif Santé Mondiale sont heureux d’avoir pu s’y investir.

Je veux revenir sur le contenu de cette stratégie et sur les conditions exceptionnelles aujourd’hui de son adoption en présence de 3 ministres. Nous nous reconnaissons particulièrement dans l’ambition de contribuer à l’atteinte de l’ODD3, notamment en s’attachant à réduire les inégalités de santé et soutenons l’approche complémentaire des trois priorités destinées à agir à la fois sur les systèmes et la couverture sanitaire universelle (CSU), sur la lutte contre les maladies et sur la prévention et la préparation aux urgences sanitaires. Nous sommes également alignés quant à la nécessité de travailler de façon transversale en impliquant d’autres secteurs, d’autres disciplines pour faire face notamment à l’explosion des maladies non transmissibles, et aux conséquences environnementales et du changement climatique sur la santé. Nos collaborations sur ces sujets avec le monde de la recherche, comme au sein du forum Pour Une Santé Durable Pour Tous, nous apportent beaucoup.

Cette stratégie est née dans un monde post Covid-19, une crise au cours de laquelle des inégalités choquantes en matière d’accès aux équipements de protection, aux diagnostics, aux vaccins et aux traitements ont fracturé le monde. Cette injustice a laissé des traces auprès de nos partenaires et notre capacité à répondre à ces enjeux déterminera aussi la qualité de nos partenariats futurs.

La stratégie insiste sur le besoin de cohérence et de complémentarité qui doit s’appliquer en premier lieu à l’écosystème de la santé mondiale et aux partenaires de la mise en œuvre : oui, nous avons besoin d’une meilleure coordination des acteurs, dans la gouvernance mais aussi sur le terrain. Oui, le système global de la santé mondiale doit être plus performant, les fonds multilatéraux en santé sont à l’œuvre pour se réinventer et pour s’adapter aux besoins. Je veux cependant souligner ici que ces outils, ces mécanismes permettent à l’heure où nous parlons de sauver des vies en rendant disponibles des traitements à des millions de personnes, en luttant contre les discriminations et les inégalités sociales et de genre, qui sont, nous le savons, des déterminants importants de l’accès aux soins. Cette stratégie donne également des orientations claires pour questionner et renforcer le rôle de banques de développement qui sont acteurs très puissants mais encore trop souvent oubliés.

Bien sûr, nous entendons cette stratégie comme une série d’engagements qui sont pris auprès de nous et des partenaires de la France. Nous apporterons nos contributions sur l’élaboration du cadre de redevabilité, terme un peu technique mais qui a son importance. Un cadre de redevabilité, c’est s’interroger sur ce qui fera le succès de cette stratégie. C’est aussi favoriser son appropriation par les partenaires de mise en œuvre, depuis Lyon jusqu’aux personnels et opérateurs dans les pays d’interventions, via les agences nationales et internationales.

Quand on parle de mise en œuvre, on parle également de ressources et d’engagements politiques. C’est pourquoi nous veillerons particulièrement à ce que les moyens financiers et humains soient disponibles pour déployer cette vision. Ces dernières années, la France s’est fortement mobilisée financièrement et politiquement pour prendre sa part dans la réponse aux défis sanitaires mondiaux. Ces défis persistent, ou s’aggravent dans certaines régions du monde, et d’autres apparaissent. Pour agir, vous, nous, avons besoin de moyens et sur ce point certains signaux sont inquiétants. Alors que nous lançons cette stratégie ambitieuse, la programmation budgétaire prévoit une baisse de l’aide publique au développement consacrée à la santé. Pour prendre ce nouveau départ que mentionnait la ministre cet après-midi, il faut que les investissements soient à la hauteur et nous serons à vos côtés pour y veiller.

Cet engagement passe aussi par un positionnement fort de la France auprès de ses partenaires européens et au sein des instances de concertation internationales pour créer les conditions d’un accès plus équitable aux innovations en santé et ainsi, quand il le faut, affranchir la santé des strictes règles du marché.

Madame l’Ambassadrice, cette nouvelle stratégie honore la France par son ambition, elle doit maintenant tous et toutes nous engager pour sa bonne réalisation et vous pouvez compter sur la mobilisation de la société civile à vos côtés.

Lettre ouverte au Président Emmanuel Macron pour la journée mondiale de la santé 2023

Les responsables d’Action contre la Faim, Action Santé Mondiale, AIDES, Equipop, Médecins du Monde, ONE France, Oxfam France, Planning Familial, Sidaction, Solidarité Sida et Solthis adressent une lettre ouverte au Président Emmanuel Macron en cette journée du 7 avril 2023 et appellent la France à réaffirmer son ambition, son leadership et sa crédibilité en faveur de la santé mondiale pour toutes et tous.

Monsieur le Président,

Alors que nous célébrons aujourd’hui la journée mondiale de la santé, près de la moitié de l’humanité n’a toujours pas accès aux soins de santé les plus basiques bien que cela constitue un droit humain fondamental. Dans un monde où les avancées technologiques et médicales se multiplient, la persistance des inégalités en santé est inacceptable. La santé doit rester une priorité des politiques de développement, et celles-ci doivent répondre aux inégalités socio-économiques et de genre, déterminantes en santé.

Depuis 2017, votre gouvernement affirme faire de la santé mondiale une priorité de sa politique de développement. Si nous saluons le soutien de la France aux grandes organisations internationales en santé et sa contribution à la réponse mondiale à la pandémie de Covid-19, ses investissements restent insuffisants. En effet, dans ses conclusions remises à votre gouvernement en décembre dernier, la Cour des comptes pointait à juste titre le manque chronique de moyens accordés à la santé mondiale. En 2020, année de déclaration de la pandémie de Covid-19, seuls 8% de notre aide au développement étaient dirigés vers des projets de santé mondiale.

Alors que les pandémies continuent de ravager le monde, les conséquences de ce sous-investissement chronique sont désastreuses. Nous devons tirer les leçons des pandémies successives en investissant dans la prévention, la préparation et la réponse aux menaces sanitaires pour garantir la santé pour toutes et tous. La révision actuelle de la stratégie française représente une opportunité unique pour renouveler votre engagement pour la santé mondiale. C’est pourquoi nous appelons la France à se donner les moyens de son ambition, en accompagnant cette nouvelle stratégie de financements substantiels et durables.

Afin d’être au rendez-vous en 2030, il est urgent de bâtir les fondations d’un monde dans lequel les économies soient mises au service du bien commun. Lors de la déclaration de la pandémie de Covid-19, vous aviez appelé de vos vœux à faire de la santé un “bien public mondial”. Avec l’accueil d’un Sommet pour un nouveau pacte financier en juin prochain, la France doit jouer un rôle à la hauteur de ses responsabilités face aux inégalités mondiales en matière de santé, et apporter des réponses durables aux défis de notre temps. Pour faire de cette ambition une réalité, ce sommet doit apporter des solutions concrètes et co-construites avec les pays dits des Suds et les sociétés civiles internationales au défi que représente le financement de la santé mondiale.

Enfin, la tenue d’un Conseil présidentiel pour le développement fin avril marquera une étape cruciale dans la définition des contours de la politique internationale de la France en matière de développement. Les multiples défis climatique, énergétique, sanitaire ou encore économique auxquels nous sommes confrontés nécessitent une réflexion sur l’architecture financière mondiale. Parce qu’elle continue d’être un outil indispensable pour soutenir les pays dits des Suds, l’aide publique au développement doit être intégrée à ces discussions. A ce titre, nous vous appelons à vous saisir de l’opportunité que représente ce Conseil pour vous engager à nouveau en faveur de l’allocation de 0,7% du RNB de la France à l’Aide Publique au Développement d’ici 2025, et plus particulièrement à doubler l’aide allouée à la santé par rapport à son niveau de 2020. La réalisation de ces engagements contribuerait à réaffirmer l’ambition, le leadership et la crédibilité de la France en faveur d’un avenir plus juste et plus durable pour toutes et tous.

Lors de la campagne pour l’élection présidentielle de 2022, vous affirmiez auprès de nos organisations que “l’accès équitable à la santé est au cœur de la stratégie en santé mondiale de la France et le restera dans la prochaine décennie”. Nous attendons désormais que ce positionnement politique fort se traduise par des mesures concrètes et ambitieuses.

Signataires

Luc Barruet, Directeur exécutif, Solidarité Sida

Patrick Bertrand, Directeur exécutif, Action Santé Mondiale

Serge Breysse, Directeur général, Solthis

Marc Dixneuf, Directeur général, Aides

Cécile Duflot, Directrice exécutive, Oxfam France

Sarah Durocher, Présidente, Planning Familial

Aurélie Gal-Regniez, Directrice exécutive, Equipop

Pierre Micheletti, Président, Action contre la Faim

Florence Rigal, Présidente, Médecins du Monde

Florence Thune, Directrice générale, Sidaction

Najat Vallaud-Belkacem, Directrice exécutive, One France

La France grille la priorité à la santé mondiale

Les responsables d’Action Santé Mondiale, AIDES, Coalition Plus, Equipop, ONE, Oxfam France, Médecins du Monde, Sidaction et Solthis pointent du doigt la faiblesse de l’investissement français pour la santé mondiale comparée aux ambitions affichées d’Emmanuel Macron et appellent la France à corriger le tir en adoptant des objectifs précis dans les mois à venir.

Durant la campagne pour sa réélection, Emmanuel Macron nous l’affirmait : “La santé a été retenue comme l’un des axes prioritaires de notre coopération internationale”. Cela devrait en effet être la priorité de tous les pays du monde depuis la pandémie que nous avons vécue. Pourtant, le compte n’y est pas. Nos analyses des chiffres disponibles nous font douter du caractère prioritaire prétendument accordé à la santé mondiale. Nos associations interpellent les pouvoirs publics pour corriger cette inadéquation des discours et des moyens. 

Si les montants totaux pour la santé ont effectivement augmenté ces dernières années, pour atteindre 1,2 milliard d’euros en 2020, cette hausse est concomitante d’une augmentation plus large de l’ensemble de l’aide publique française au développement (APD). Derrière cette tendance en apparence positive, les moyens consacrés à la santé stagnent en moyenne à 7 % ces cinq dernières années. Alors que l’OMS recommande aux pays donateurs de consacrer l’équivalent de 0,1% de leur RNB à l’aide en santé, la France plafonne à 0,053%.

On aurait pu penser qu’une crise sanitaire mondiale ferait bondir l’aide en santé mondiale, mais ce n’est pas le cas. La faiblesse des investissements pour la santé se reflète aussi dans la réponse internationale de la France à la crise Covid-19. Visiblement ni la pandémie, ni le rebond consécutif des maladies liées à la pauvreté, ni l’importance flagrante de renforcer les systèmes de santé n’auront permis de changer la donne. Pour preuve, les montants accordés à la santé dans le contrat d’objectifs et de moyens de l’Agence française de développement. Adopté à l’été 2021 alors que la France était entre deux vagues de la pandémie qui secouait encore la planète entière, la cible pour la santé et la protection sociale passe de 10 % en 2020 à seulement 3 % pour 2021 et 2022. 

Face à ces chiffres, comment la France peut encore affirmer que la santé est un axe prioritaire de sa coopération internationale ? Pourquoi l’allant politique d’Emmanuel Macron lors de la crise Covid-19 semble ignoré lorsqu’il s’agit de se mobiliser financièrement ? La faiblesse des chiffres constatés et des engagements actés éclipsent l’ambition affichée. 

Il faut mieux se préparer aux menaces sanitaires à venir : c’est une évidence autant qu’un impératif. La France doit drastiquement changer de cap en accompagnant les discours de mesures concrètes, et en dotant la santé de moyens requis par l’ampleur des besoins. 

En juillet 2022, la Première ministre affirmait lors de sa déclaration de politique générale l’aspiration du gouvernement de maintenir la place de leadership de la France sur la scène internationale. Elisabeth Borne annonçait ainsi “plus d’effort en matière de solidarité, une ambition accrue pour les défis globaux comme la santé et le changement climatique”. Pour y parvenir, deux solutions : réaffirmer l’objectif de consacrer 0,7% du RNB à l’APD d’ici 2025, et fixer des cibles financières pluriannuelles ambitieuses en faveur de la santé mondiale. La révision en cours de la stratégie de la France pour la santé mondiale et l’annonce pour le début de l’année prochaine d’un Comité interministériel de la coopération internationale et du développement sont l’occasion d’aligner l’ambition et les moyens dédiés. 

 

Signataires :

Action Santé Mondiale – Patrick Bertrand – Directeur Exécutif

AIDES – Marc Dixneuf – Directeur Général

Coalition Plus – Vincent Leclercq – Directeur Général

Equipop – Aurélie Gal-Régniez – Directrice Exécutive

ONE – Najat Vallaud-Belkacem – Directrice France

Oxfam France – Cécile Duflot – Directrice Générale

Médecins du Monde – Dr Florence Rigal – Présidente 

Sidaction – Florence Thune – Directrice Générale

Solthis – Dr Serge Breysse – Directeur Général

Entre deux tours de l’élection présidentielle française 2022 : position des organisations de santé mondiale

Nous sommes des organisations non gouvernementales et apartisanes engagées pour l’accès de toutes et tous à la santé, qui défendent une approche fondée sur des valeurs de non-discrimination et de respect des droits fondamentaux. 

A l’heure où un choix démocratique est proposé aux Français·es pour l’élection du futur président de la République, il nous semble indispensable de prendre la parole pour affirmer haut et fort notre rejet d’un projet de société reposant sur la stigmatisation, le repli sur soi, la xénophobie et le recul des principes d’égalité en droit de chaque homme et femme. 

A l’heure où des défis globaux sanitaires menacent l’ensemble des populations y compris les Français·es, la candidate Marine Le Pen prône un retrait de la France des espaces multilatéraux visant à apporter des réponses collectives et concertées. 

Engagées dans la solidarité internationale, nos organisations portent des valeurs universelles de solidarité, de liberté, de fraternité, d’égalité entre les humains, par-delà leur statut, leur origine, leur genre, leur nationalité, leurs opinions philosophiques ou religieuses. Ce sont ces principes qui guident depuis toujours notre action, ce sont ces principes qui appellent aujourd’hui à rejeter le projet de la candidate du Rassemblement national. 

Bilan du quinquennat d’Emmanuel Macron : pas de booster pour la santé mondiale

Le quinquennat d’Emmanuel Macron a été marqué par le COVID19. A l’occasion des 2 ans de la pandémie, nos associations font le diagnostic de sa politique en matière de santé mondiale et de lutte contre les inégalités en santé. 

Une mobilisation politique à saluer

Dès son arrivée à la présidence de la République, Emmanuel Macron a fait de la santé mondiale l’une de ses priorités de l’agenda international et s’est engagé à rénover la politique de solidarité internationale et d’y dégager des moyens supplémentaires pour atteindre 0,55% d’ici à 2022 puis 0,7% en 2025. Il fait preuve d’un leadership reconnu et prend des engagements politiques forts que ce soit dans la riposte contre le VIH/sida, la tuberculose et le paludisme ou dans le lancement de l’initiative ACT-A pour accélérer l’accès équitable aux outils de lutte contre le COVID dans les pays en développement. Lorsque les stocks de vaccins sont monopolisés par les pays riches, y compris la France, Emmanuel Macron est le premier chef d’Etat à appeler aux dons de doses pour soutenir les campagnes de vaccination dans les pays à revenus inférieurs. 

La santé : une priorité qui représente moins de 10% de l’aide française

Malgré ces actes forts et au-delà de ses déclarations, les financements ne suivent pas et ne permettent pas de donner corps à ses engagements. L’initiative ACT-A pour laquelle Emmanuel Macron avait annoncé consacrer 1 milliard d’euros ne bénéficiera finalement que de 400 millions. Pour comparaison, les Allemands y contribuent près de 10 fois plus. Au terme de son quinquennat, ce sont moins de 10% de l’APD qui sont consacrés à la santé mondiale. Une priorité qui n’en a que le nom.

Santé mondiale : les lois du marché plus fortes que la volonté politique ? 

Le point noir de la gestion de la crise restera celui des inégalités d’accès aux traitements et aux vaccins pour les pays les plus pauvres. Aucunes mesures ambitieuses pour y remédier n’ont été prises : ni levée des brevets, ni pression sur les entreprises pharmaceutiques. Des décisions importantes, soutenues par la communauté scientifique et les ONG à travers le monde, qui auraient permis d’accroître la production de vaccins, d’améliorer la couverture vaccinale tout en soutenant la souveraineté sanitaire des pays africains. Pourtant, malgré des inégalités criantes et malgré des paroles fortes sur les vaccins comme devant être un bien public mondial, force est de constater que la santé continue d’être soumise aux lois du profit et aux intérêts de quelques-uns plutôt que du bien commun.  

Monsieur le Candidat : nous vous demandons plus pour la santé mondiale

Il y a deux ans, en s’adressant aux Français·e·s à la veille du confinement, Emmanuel Macron déclarait que la santé n’avait pas de prix et qu’elle devait être placée en dehors des lois du marché. Aujourd’hui, le candidat Macron annonce faire de la santé l’un de ses chantiers prioritaires de sa campagne 2022. Il reste tant à faire. 

Nous lui avons adressé une série de questions sur sa vision pour que la France réponde aux défis sanitaires et agisse pour réduire les inégalités en matière de santé

“Business as usual” ou décréter la mobilisation générale ? Les ONG interpellent les candidat·es sur les mesures qu’ils·elles comptent prendre en faveur de la santé mondiale

Action Santé Mondiale, AIDES, Equipop, Médecins du Monde, ONE, Oxfam France, le Planning familial, Sidaction, Solidarité Sida et Solthis interpellent les candidat·e·s à l’élection présidentielle sur leurs intentions en matière de lutte contre les enjeux sanitaires globaux.

Des besoins sanitaires qui explosent 

L’arrivée du variant Omicron nous rappelle notre interdépendance et notre vulnérabilité face aux menaces sanitaires mondiales : personne ne sera en sécurité, tant que le monde ne sera pas protégé. 

Tandis que le fossé vaccinal se creuse, d’autres maladies reprennent de la vigueur de façon très inquiétante. Le Covid-19 a provoqué une augmentation des décès dûs à la tuberculose et au paludisme pour la première fois en dix ans. Plus de la moitié de la population mondiale n’a toujours pas accès aux soins de santé essentiels et des millions de personnes continuent chaque année de basculer dans l’extrême pauvreté du fait de dépenses de santé laissées à leur charge.

L’accès aux innovations en santé mis à mal par un système dominé par les intérêts privés

La pandémie met au défi l’humanité de mieux collaborer pour permettre un accès de tou·te·s aux produits et innovations en santé. Elle remet aussi en lumière le manque de transparence du secteur pharmaceutique et son contrôle sur les prix des médicaments qui menace, y compris en France, l’égalité d’accès à des traitements innovants et la soutenabilité de systèmes de santé solidaires.

Quel programme pour la santé mondiale ?

Pourtant, la santé mondiale est quasi absente dans les débats politiques. Alors que 71% des Français·es redoutent l’émergence de nouvelles pandémies comme celles du Covid-19, quelles mesures doivent être prises pour répondre efficacement aux inégalités mondiales en matière de santé ? Quels candidat.e.s s’engagent à mobiliser l’aide au développement pour renforcer l’accès à la santé ? Quels engagements quant à la nécessaire réforme des cadres juridiques faisant primer les droits à la propriété intellectuelle et le secret des affaires sur le droit à la santé ?  Quelles dispositions en matière d’investissements publics pour la recherche pour garantir un accès plus équitable aux innovations en santé ? 

Parce que des défis sanitaires majeurs sont devant nous, les organisations du Collectif Santé Mondiale ont élaboré un programme pour la santé mondiale qui rassemble des propositions concrètes qu’elles entendent défendre auprès de chaque candidat.e.

NOS PROPOSITIONS : 

FAIRE DE LA SANTÉ MONDIALE UNE PRIORITÉ DE L’AGENDA INTERNATIONAL

  • Augmenter l’aide publique au développement de la France en santé pour atteindre 0,1 % du RNB
  • Mobiliser les financements innovants en faveur des biens publics mondiaux
  • Augmenter la contribution française au Fonds mondial de lutte contre les pandémies

GARANTIR L’ACCÈS AUX SOINS ET AUX PRODUITS DE SANTÉ POUR TOU·TE·S ET LA SOUTENABILITÉ DES SYSTÈMES DE SANTÉ

  • Soutenir durablement le renforcement de systèmes de santé pérennes, accessibles, résilients et de qualité
  • Adopter une approche féministe en santé mondiale et dans la prévention et les réponses aux crises
  • Adopter des cadres juridiques garantissant la transparence du marché du médicament conformément aux recommandations de l’OMS
  • Conditionner les investissements publics au service de la santé mondiale (transparence, accessibilité, etc.)
  • Agir pour refonder un système international plus inclusif, efficace face aux risques sanitaires et protégeant l’accès équitable à la santé

Le Collectif Santé Mondiale s’agrandit et souhaite la bienvenue à Aides !

Créée en 1984, Aides est une organisation non gouvernementale de lutte contre le VIH/sida et les hépatites virales. Elle agit depuis 30 ans avec et auprès des populations les plus vulnérables au VIH/Sida et aux hépatites virales pour réduire les nouvelles contaminations et accompagner les personnes touchées vers la santé et dans la défense de leurs droits.

Depuis le début de la crise, la pandémie de Covid-19 a fait considérablement reculer les progrès effectués ces dernières décennies en matière de santé mondiale et exacerbé les inégalités en la matière. Face à ces constats, le renforcement des systèmes de santé est devenu une priorité plus que jamais urgente pour réduire les inégalités d’accès et mieux préparer les systèmes de santé aux futurs chocs sanitaires. Le Fonds mondial de lutte contre le VIH/sida, la tuberculose et le paludisme en a fait une partie intégrante de sa réponse à la pandémie de Covid-19. Il entamera l’année prochaine la prochaine reconstitution de ses ressources, qui marquera un temps fort de notre mobilisation pour défendre l’accès à la santé des populations les plus vulnérables et ne laisser personne de côté.

Avec l’arrivée d’un nouveau membre, le Collectif Santé Mondiale compte désormais 11 organisations non gouvernementales françaises spécialisées sur les enjeux de santé mondiale. Aux côtés de Aides, nos organisations poursuivent leur mobilisation pour défendre, promouvoir et renforcer le financement de la France en matière de santé mondiale, tendre vers la réalisation de la couverture sanitaire universelle et l’atteinte de l’objectif de développement durable 3 d’ici à 2030.

Lutte contre la pandémie à Covid-19 – 10 préconisations pour remédier aux carences de solidarité

Lutte contre la pandémie à Covid-19 – 10 préconisations pour remédier aux carences de solidarité

 

« En janvier, j’ai déclaré que le monde était au bord d’un échec moral catastrophique si des mesures urgentes n’étaient pas prises pour assurer une distribution équitable des vaccins anti- Covid. Nous avons les moyens d’éviter cet échec, mais il est choquant de constater à quel point peu de choses ont été faites pour l’éviter. […] L’écart entre le nombre de vaccins administrés dans les pays riches et le nombre de vaccins administrés via Covax se creuse et devient chaque jour plus grotesque ».

C’est en ces termes que le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur général de l’OMS, s’est exprimé en conférence de presse le 22 mars dernier. En mars 2021, 123 millions de personnes avaient été infectées par la maladie à Coronavirus et plus de 2,7 millions de personnes en étaient décédées. Cette pandémie mondiale marque un coup d’arrêt aux efforts de lutte contre la pauvreté et les inégalités à l’échelle mondiale, en particulier en matière d’inégalités entre les femmes et les hommes. Les Nations Unies alertent qu’en seulement douze mois, on pourrait perdre les progrès réalisés ces vingt-cinq dernières années en matière de droits des femmes. Des études estiment que l’interruption des services de santé de base pourrait entraîner entre 12 000 et 56 000 décès maternels additionnels sur 6 mois dans 118 pays. Comme le Directeur général de l’OMS et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, le rappelaient : “Pour mettre fin à une pandémie d’une telle ampleur, nous avons besoin d’un effort mondial. L’accès mondial aux vaccins, aux tests et aux traitements contre le coronavirus pour tous ceux qui en ont besoin, partout sur la planète, n’est pas seulement une exigence morale, mais également la solution la plus efficace en matière de santé publique”. Le développement des variants en est une illustration. La fin de la pandémie n’est pas possible uniquement au niveau français ou même européen, il est urgent de renforcer la réponse globale. Il est dans l’intérêt de tou.te.s de veiller à ce que chaque être humain soit vacciné, car la distribution mondiale de vaccins est le moyen le plus efficace de réduire la capacité du virus à se répliquer et à évoluer. Une attention spécifique doit être portée aux populations les plus vulnérables et marginalisées, et aux personnes vivant dans des contextes de crises humanitaires.

Or, tandis que la pandémie continue de sévir partout autour du monde et se développe dans certaines régions encore relativement épargnées, les moyens de lutter contre le virus et sa propagation sont bien insuffisants et trop inéquitablement répartis. Pendant que les campagnes de vaccination s’accélèrent en Europe ou aux Etats-Unis, des chercheurs estiment que dans les pays les plus pauvres il faudra attendre au moins 20 245 pour que l’immunisation de masse soit atteinte. Il y a un an, le 11 mars 2020, l’OMS qualifiait officiellement la maladie à Coronavirus comme pandémie mondiale. Un an après, le Collectif Santé Mondiale présente ici des pistes d’actions pour lutter plus efficacement contre la pandémie au niveau mondial.

Forum de Paris pour la Paix : des annonces trop timides de la France pour garantir un accès universel aux outils de lutte contre la Covid19 

Paris, le 12 novembre 2020

Ce jeudi 12 novembre 2020 se tenait la troisième édition du Forum de Paris pour la Paix. Cette année, le sommet rassemblait la communauté internationale et les acteurs de la gouvernance mondiale pour apporter une réponse globale à la pandémie de Covid-19. A ce titre, il marquait un temps fort pour accélérer l’accès aux outils de lutte contre la pandémie.
 

La France confirme les engagements déjà annoncés précédemment

 
Lors de la séquence dédiée à l’ACT-A, le dispositif de réponse internationale à la pandémie de Covid-19, Emmanuel Macron a confirmé les 100 millions d’euros en faveur de la garantie de marché (AMC) Covax, mécanisme central visant à faciliter l’accès des 92 pays les plus pauvres aux futurs vaccins contre la Covid-19, ainsi que les 50 millions pour l’OMS et 10 millions pour Unitaid. Cependant, ces enveloppes correspondent aux montants qui avaient déjà été annoncés par le Président de la République, notamment lors de la conférence de reconstitution de Gavi, l’Alliance pour le vaccin, en juin 2020, pour la partie vaccin.
 

Une faible ambition par rapport à l’ampleur des besoins

 
Malgré les annonces de ce jour, la réponse internationale à la pandémie de Covid-19 est encore bien loin d’être suffisamment financée et adaptée aux enjeux. Jusqu’à aujourd’hui, le gap financier pour atteindre la cible fixée par le plan d’investissement de l’ACT-Accelerator s’élevait encore à 28,4 milliards de dollars, dont 4,5 milliards nécessaires rapidement. Au-delà des vaccins, les besoins demeurent considérables en matière de développement, de fabrication, d’achat et de distribution de tests et de traitements. De même, le pilier relatif aux systèmes de santé doit bénéficier de financements supplémentaires, car la qualité et la capacité de ces derniers à atteindre les populations les plus vulnérables sont essentielles au déploiement équitable de la réponse médicale/sanitaire à la Covid-19. A ce titre, nous accueillons favorablement les annonces du Président Emmanuel Macron en faveur d’une consolidation des soins de santé primaires mais rappelons qu’elles devront s’accompagner d’une mobilisation plus ambitieuse des moyens de l’aide publique au développement de la France.
   

Pas de changement de paradigme en matière d’accès 

 
Si nous saluons le leadership politique porté par la France depuis le mois de mai pour faire du futur vaccin un bien public mondial accessible à tous et toutes, répété durant ce sommet, force est de constater qu’aucune mesure concrète n’a été prise pour traduire ces discours en actes. Durant la dernière Assemblée Générale des Nations unies, la France annonçait sa volonté de doter l’ensemble des parties prenantes d’ACT-A d’une charte commune pour garantir l’accès de tous et toutes aux outils de lutte contre la Covid, dans une perspective d’équité mais également d’efficacité de la réponse : nous ne vaincrons l’épidémie que si l’ensemble des populations et pays en ayant besoin ont accès aux traitements, vaccins et diagnostics. Parmi les principes défendus par la France figurent notamment la mise en commun des résultats de la recherche et des essais cliniques, la garantie d’un prix juste et transparent ainsi que le partage de la propriété intellectuelle. Le président de la République a répété pendant ce Forum la nécessité d’une charte pour ACT-A, indiquant notamment sa volonté de conditionner les fonds publics déployés sans toutefois préciser le type de conditionnalités concernées. 
 
Toutefois, les mesures adoptées ne reflètent pas ces positions ambitieuses. Seul un don en nature de vaccins aux pays les plus pauvres sur les stocks de vaccins négociés par la France a été annoncé, mais aucun engagement n’a été pris sur la position portée par la France dans les processus internationaux en cours, qui seront pourtant cruciaux pour assurer la production et l’accès aux vaccins partout dans le monde. La France n’a toujours pas apporté son soutien à la proposition portée à l’Organisation mondiale du commerce par l’Inde et l’Afrique du Sud, soutenue par l’OMS, visant à suspendre temporairement un certain nombre de dispositions des accords ADPIC sur la propriété intellectuelle. De même, elle n’a toujours pas rejoint le Groupement d’accès aux technologies contre la Covid-19, le C-TAP alors même que le partage de la propriété intellectuelle, des données, des technologies, des savoirs et savoir-faire est une condition sine qua non de l’augmentation des capacités de production. Pire, la France fait partie de ces quelques États représentant seulement 13% de la population mondiale, qui ont d’ores et déjà réservé plus de la moitié des doses de vaccins potentiels. Si la France entend porter un leadership politique en matière d’accès aux futurs outils médicaux contre la Covid-19, elle doit mettre ses discours en pratique. Nous rappelons que c’est uniquement en garantissant un accès de tous et toutes aux outils de réponse à la pandémie de Covid-19, et notamment des pays les plus fragiles et des populations les plus vulnérables, que nous réussirons collectivement à éradiquer la pandémie. 
 
Nous  serons vigilant.e.s à la concrétisation des annonces de la France ainsi qu’à la poursuite de sa mobilisation financière en faveur du mécanisme ACT-A et de la lutte contre la Covid-19 et attendons, au-delà de cette réponse immédiate, des engagements de plus long terme pour assurer un renforcement durable des systèmes de santé dans le monde.