07 Avr 2017

Journée mondiale de la santé – Quels engagements des candidats à l’élection présidentielle pour l’aide en santé mondiale ?

07 Avr 2017

Chaque année, le 7 avril célèbre la Journée mondiale de la santé, anniversaire de la création de l’Organisation mondiale de la santé.

 

Malgré les immenses progrès réalisés depuis 1948, les statistiques sanitaires mondiales restent alarmantes, en particulier dans les pays en développement. 400 millions de personnes n’ont toujours pas accès aux soins de base et 225 millions de femmes n’ont pas accès aux méthodes de contraception moderne. En 2015, les pandémies de VIH/sida, de tuberculose et de paludisme ont tué plus de 3 millions de personnes et environ 45% des décès d’enfants de moins de 5 ans sont liés à la malnutrition. Qui plus est, les récentes positions de l’administration de Donald Trump sur la santé mondiale auront de lourdes conséquences internationales, notamment sur le continent africain, principal bénéficiaire de ces aides : arrêt des financements des Etats-Unis pour le FNUAP et propositions de réduire de  1,23 milliard de dollars les sommes accordées aux Instituts nationaux pour la Santé, de 300 millions de dollars le financement du PEPFAR (President’s Emergency Plan for AIDS Relief) et de 44,6 millions de dollars le financement de l’USAID consacré à la lutte contre la tuberculose.

La France a longtemps fait de la santé un axe fort de sa politique de développement mais malgré ce rôle de leader historique, elle se désengage peu à peu du terrain de la solidarité internationale et de l’aide au développement en santé. Dans cette campagne présidentielle où les enjeux de solidarité internationale sont peu abordés, la santé mondiale s’est invitée au débat lors de l’émission Priorité Santé diffusée sur RFI le 29 mars dernier, sur le thème : « la France face aux défis sanitaires ». Les représentant-e-s de quatre candidat-e-s ont eu l’occasion d’exprimer les visions de Benoît Hamon, Marine Le Pen, Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon sur le portage politique de la santé mondiale lors du prochain quinquennat, de ses priorités et de ses financements. François Fillon, pourtant invité, n’était pas représenté.

Si Djordje Kuzmanovic, représentant de Jean-Luc Mélenchon et Pouria Amirshahi, représentant de Benoît Hamon ont réitéré les engagements de leurs candidats respectifs à atteindre l’objectif d’allouer 0,7% du revenu national brut à l’aide publique au développement d’ici la fin du prochain quinquennat et d’augmenter la part des dons, aucun des représentant n’a annoncé d’objectif financier spécifique pour la santé mondiale.

Ces représentant-e-s ont pu s’exprimer sur le rôle de la France en matière de droits et de santé sexuelle et reproductive (DSSR), condition essentielle de l’autonomie des femmes dans le monde, et sujet d’actualité suite à l’annonce de l’administration Trump de retirer toute aide financière aux ONG étrangères travaillant dans le domaine des DSSR et recevant un financement fédéral américain via, notamment, l’USAID. Une majorité des représentants se sont positionnés en faveur d’un soutien aux Etats dans leurs politiques de DSSR comme vecteurs de lutte contre la pauvreté et les inégalités, de diminution de la mortalité maternelle et infantile et d’amélioration de l’éducation. Seule la représentante du Front national, Joëlle Mérin, a affirmé que les politiques de planification familiale et d’accès à l’IVG ne relevaient pas de la solidarité internationale.

La question du prix des médicaments a également suscité un certain consensus entre les représentant-e-s, pour qui le contrôle des entreprises et monopoles pharmaceutiques par l’Etat est impératif.

Cette émission a permis de mettre à l’agenda de la campagne présidentielle les sujets très peu débattus que sont l’aide publique au développement (APD) et les enjeux de santé mondiale. Les débats ont permis de faire connaître les projets des différent-e-s candidat-e-s. Néanmoins, nous, associations du Collectif Santé Mondiale, sommes déçues par le manque d’ambition de ces propositions. Le-la prochain-e président-e de la République doit contribuer à l’atteinte des Objectifs de développement durable, notamment mettre fin aux grandes pandémies, garantir un accès universel aux droits et à la santé sexuelle et reproductive, éradiquer la faim et éviter que les dépenses de santé soient une cause d’appauvrissement. Cette feuille de route ambitieuse nécessite d’abord un réel engagement politique, mais aussi l’assurance d’un engagement financier en faveur de la santé pour toutes et tous dans le monde.

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